La chute, c’est une excellente nouvelle d’Albert Camus, mais aussi l’un des éléments constitutifs et distinctifs du genre de la nouvelle. C’est dire qu’il ne faut pas la rater ! Mais comment réussir à coup sûr sa chute pour une nouvelle ? Est-elle vraiment obligatoire ? Quels sont les codes à respecter ? Voici les principaux points à retenir pour donner à votre nouvelle la chute qu’elle mérite.

La chute, élément constitutif de la nouvelle

La nouvelle est un texte court où l’unité narrative est primordiale. Elle commence généralement sur un temps fort, afin d’emporter le lecteur dès le début dans l’intrigue. La fin est, de la même façon, très intense.

Définition de la chute

Dans le jargon littéraire, la fin d’une nouvelle s’appelle la chute et répond à des règles précises.

La chute porte bien son nom (pour une fois) : elle doit être soudaine, surprenante et en même temps logique. Le lecteur ne doit pas s’y attendre, mais convenir qu’il n’y avait pas d’autre fin possible.

La chute est non seulement la conclusion de l’histoire, mais aussi le moment où toutes les pièces du puzzle s’emboîtent pour donner la solution finale.

La chute est-elle obligatoire ?

La présence d’une chute dans la nouvelle n’est pas obligatoire, mais elle est souvent incontournable pour dénouer toute l’intrigue et résoudre les éléments clés du récit. Elle montre au lecteur que l’histoire est bien finie.

Certaines nouvelles adoptent des structures narratives ouvertes et laissent des questions en suspens ou à l’interprétation du lecteur. On parle alors de fin ouverte. Ces récits se terminent de manière ambiguë et génèrent parfois même du malaise, car on ne sait pas trop à quoi s’en tenir. Cependant, il est nécessaire de bien maîtriser l’art de la nouvelle pour choisir ce type de chute, car elle est délicate à manier.

Les différents types de chute

On peut dégager plusieurs « familles » de chute qui font appel aux mêmes ressorts narratifs. Attention aux chutes classiques qui deviennent rapidement détectables aux lecteurs les plus aguerris : le narrateur qui est en fait mort ou un animal, le récit qui se révèle être un rêve ou un cauchemar.

La chute en écho à l’incipit

Ici, la chute répond à la phrase d’ouverture de la nouvelle (son incipit), parfois mot à mot, parfois en prenant le contrepied. La chute peut aussi expliciter l’incipit en donnant une nouvelle signification aux mots employés.

La chute peut également être l’inverse de ce à quoi on s’attend au début, comme dans Le K, de Dino Buzzati (le monstre présenté comme une menace est en fait la chance ratée du personnage principal).

L’éternel retour du même

La nouvelle se déroule et à la fin… rien de change. Le monde revient à son stade initial, comme si l’histoire n’avait pas eu lieu. Le personnage central peut disparaître ou rester prisonnier de ce monde immuable. Ce système de boucle temporelle fonctionne très bien pour les nouvelles psychologiques ou les récits qui remontent dans le passé. On peut prendre pour exemple le mythe de Sisyphe.

La chute qui exploite un détail

Tout l’art du novelliste sera ici de détourner l’attention du lecteur d’un détail subtilement intégré en début de récit et qui se révélera être la clé de toute l’histoire. Le détail peut être insignifiant ou hautement symbolique pour lui donner de la puissance.

La chute qui renverse la logique

Les renversements de situation sont généralement très efficaces pour donner une chute surprenante. Par exemple, le lecteur découvre à la fin que le personnage narrateur est en fait mort depuis le début ou qu’il est en réalité un traître alors qu’il était présenté comme le « gentil ».

Conseils pour écrire une bonne chute

Vous savez maintenant ce qu’est une bonne chute, mais voici quelques conseils pour vous améliorer.

Lire et analyser des nouvelles pour comprendre les chutes

Le meilleur moyen de progresser dans l’écriture des chutes est de se confronter à d’autres nouvelles avec des chutes qui fonctionnent. De nombreux auteurs excellent dans cet art de la chute surprenante, émouvante ou ironique. Citons par exemple Edgar Allan Poe dans Double assassinat dans la rue Morgue et autres histoires extraordinaires ou Guy de Maupassant. Sa nouvelle la plus connue est le récit fantastique Le Horla, mais il a également écrit des nouvelles réalistes aux chutes toujours très réussies.

À force de lire et comprendre la structure des nouvelles, vous aurez plus d’idées et d’assurance pour écrire vos propres chutes.

Respecter la logique du récit et du personnage

Vouloir à tout prix rédiger une chute surprenante ne fonctionnera pas si elle ne respecte pas la logique du récit ou du personnage (ou les deux). Le personnage suit un arc narratif qui le fait évoluer pendant la durée de la nouvelle. La fin de cette dernière doit être logique et crédible, afin que le lecteur n’ait pas la sensation qu’elle est « tirée par les cheveux ».

Décider d’une « morale » pour sa nouvelle

Il ne faut pas prendre le terme au sens de la fable, qui est encore un autre genre littéraire. Mais si vous décidez du thème ou du message à faire passer à travers votre nouvelle, vous aurez plus de facilité à construire la chute.

La nouvelle sert généralement une motivation précise et la chute vise à montrer que l’on a raison (ou tort).

Susciter des émotions avec la chute

C’est peut-être la chose la plus importante : la chute est faite pour émouvoir, que ce soit une émotion positive (rire, étonnement, attendrissement…) ou négative (peur, tristesse…). Une chute ratée est celle qui laisse le lecteur de marbre ou qui tombe à plat.

 

Vous avez désormais toutes les cartes en main pour écrire et réussir la chute de votre nouvelle. C’est le moment de participer à notre prochain concours d’écriture !