Écrire un poème ne se limite pas à suivre une impulsion créative : c’est aussi jouer avec la langue, sa musicalité, ses images, son rythme. Si la poésie contemporaine a largement gagné en liberté, certaines règles demeurent de précieuses alliées pour structurer ses textes et trouver l’inspiration. Pour celles et ceux qui souhaitent participer à un concours d’écriture de poèmes, connaître les grands principes de la poésie peut faire toute la différence.

Cet article vous offre des repères utiles : formes poétiques, musicalité, figures de style, mais aussi des conseils pour écrire un poème marquant. En maîtrisant les codes, vous pourrez mieux vous en affranchir.

    En quelques titres:

  1. Qu’est-ce qu’un poème ? Petite mise en contexte
  2. Les formes poétiques : de l’ode au slam
    1. L’ode
    2. Le rondeau et la ballade
    3. Le sonnet
    4. Le haïku
    5. L’acrostiche
    6. Les vers libres
    7. La prose poétique
    8. Le slam
  3. La musicalité : donner du rythme à ses mots
  4. Les figures de style incontournables en poésie
  5. Conseils pratiques pour écrire un poème efficace en concours

Qu’est-ce qu’un poème ? Petite mise en contexte

La poésie est un genre littéraire à part. Elle ne vise pas à raconter une histoire, comme le font les textes narratifs. Elle cherche avant tout à créer une émotion, à peindre une image, en utilisant le rythme et la sonorité des mots.

Au fil des siècles, la poésie a évolué : longtemps enfermée dans des formes fixes, comme le sonnet, elle s’est libérée avec le vers libre, puis la prose poétique. Aujourd’hui, tout est permis… à condition de savoir pourquoi on choisit une forme plutôt qu’une autre.

Dans le cadre d’un concours, les jurys attendent souvent des poèmes à la fois sincères et travaillés : des textes qui suscitent l’émotion, mais qui témoignent aussi d’une maîtrise de la langue et de ses richesses.

Les formes poétiques : de l’ode au slam

Il n’est pas obligatoire de connaître par cœur tous les types de poèmes, mais avoir des notions sur les formes les plus courantes vous aidera à les identifier lors de vos lectures. Vous pourrez ainsi mieux comprendre les choix de vos poètes préférés et nourrir votre créativité quand vous passerez à l’écriture de vos propres textes.

L’ode

Venue de la Grèce antique, l’ode est un poème lyrique régulier : les strophes sont semblables entre elles par le nombre et la mesure des vers. Cette forme est utilisée soit pour célébrer de grands événements ou de hauts personnages, soit pour exprimer des sentiments.

Le rondeau et la ballade

Ces formes poétiques fixes nous viennent du Moyen-Âge. Le rondeau est un poème musical de treize à quinze vers, construit uniquement sur deux rimes. La ballade est composée de trois couplets, avec un refrain et un renvoi.

Le sonnet

Composé de deux quatrains (strophes de quatre vers) et deux tercets (strophes de trois vers), il permet de structurer la pensée en deux temps : l’exposition, puis la résolution. Les rimes de chaque quatrain peuvent être embrassées (ABBA), croisées (ABAB) ou plates (AABB).

Le haïku

Il s’agit d’une forme poétique japonaise extrêmement brève, célébrant généralement la nature et l’évanescence des choses. Un haïku contient dix-sept syllabes seulement, réparties en trois vers de cinq, sept et cinq syllabes.

L’acrostiche

L’acrostiche est un poème ou une strophe qui dissimule un message. En lisant à la verticale la première lettre ou le premier mot de chaque vers, le lecteur découvre ce sens caché.

Les vers libres

Apparus au dix-neuvième siècle pour répondre à un désir de modernité, les poèmes en vers libres ne présentent aucune structure définie : les vers, de longueur variable, peuvent être rimés ou non. Leur disposition sur la page et la ponctuation du texte sont également laissées à l’initiative de l’auteur.

La prose poétique

Contrairement aux structures poétiques précédentes, la poésie en prose se présente sous la forme de simples paragraphes. Elle se distingue d’un texte narratif ordinaire par les jeux de sonorité et de rythme, ainsi que par l’utilisation de figures de style.

Le slam

Forme orale et scénique de poésie, souvent engagée, le slam mêle rythme, phrasé parlé et désir de performance. Il se concentre davantage sur l'impact du texte à l'oral que sur des règles classiques de versification.

La musicalité : donner du rythme à ses mots

Un bon poème s’entend autant qu’il se lit. Vous devez donc vous appuyer sur la musique des mots pour composer vos œuvres poétiques. Voici quelques éléments à maîtriser.

Le mètre désigne le nombre de syllabes dans un vers. Les vers les plus célèbres sont l’alexandrin, qui contient douze syllabes, le décasyllabe (dix) et l’octosyllabe (huit).

La rime est une répétition d’un même son à la fin des vers. L’alternance des rimes contribue à la musicalité et au rythme du texte poétique. Les rimes peuvent être pauvres (un seul son se répète), suffisante (deux sons) ou riches (trois sons ou plus). On distingue les rimes féminines, qui se terminent par un e muet, des rimes masculines, basées sur une consonne ou une autre voyelle que le e.

L’assonance est la répétition de sons voyelles dans un même vers, une même phrase ou une même strophe.

« je mens énormément
 j’ai un certain talent apparemment
 souvent les gens croient en mes boniments
 c’est étonnant. »

Je mens, Bernard Friot

L’allitération est la répétition de sons produits par une consonne. Parfois, il peut s’agir de sons consonnantiques proches (p et t) ou du son produit par plusieurs consonnes (pt). Elle peut viser à imiter un son dont il est question dans le texte.

« les orages électriques entre mon père
 et ma mère
 m’apprennent qu’il est risqué
 de se parler »

Perruche, Virginie Beauregard

Attention, il ne faut pas confondre l’assonance et l’allitération, dans lesquelles un son se répète, avec la figure de style de la répétition, qui concerne un mot ou une expression qui apparaît plusieurs fois dans le texte.

L’enjambement consiste à faire déborder une phrase sur le vers suivant. Il crée un rythme fluide ou, à l’inverse, une surprise qui déstabilise le lecteur.

« C’est un trou de verdure où chante une rivière
Accrochant follement aux herbes des haillons
D’argent ; où le soleil, de la montagne fière,
Luit : c’est un petit val qui mousse de rayons. »

Le dormeur du val, Arthur Rimbaud

La césure est une pause dans un vers, souvent à la moitié (par exemple, à six syllabes dans un alexandrin).

« Rien n’est beau que le vrai, le vrai seul est aimable. » Boileau

Lorsque vous écrivez des poèmes, prenez le temps de les relire à voix haute. Vous entendrez alors ce qui sonne juste… ou non.

Les figures de style incontournables en poésie

Pour donner de la couleur, de la densité et de la profondeur à vos vers, rien n’égale les figures de style. Grâce à elles, vous allez renforcer votre message et créer un univers poétique inimitable. Voici les principaux atouts dans votre jeu :

  • La métaphore est une comparaison sans mot de comparaison (« Cet homme est un lion. »).

  • La comparaison rapproche deux éléments avec un outil de comparaison (comme, tel, pareil à...).

  • La personnification donne des traits humains à des objets ou à des idées.

  • L’anaphore consiste à répéter un mot ou un groupe de mots en début de vers.

  • Le parallélisme ou symétrie est une structure répétitive qui joue sur la construction de la phrase pour mettre en valeur des idées.

  • Le chiasme rapproche deux énoncés opposés en les mettant en parallèle selon une structure de type AB-BA.

  • L’oxymore juxtapose deux termes contraires (« une obscure clarté »).

  • L’hyperbole utilise l’exagération pour insister sur un point précis (« mourir de honte »).

Conseils pratiques pour écrire un poème efficace en concours

Vous souhaitez participer à un concours d’écriture de poèmes. Avant d’envoyer votre contribution aux organisateurs, voici quelques conseils pour peaufiner votre texte :

  • Soignez le dernier vers car il laisse une impression durable. Une chute forte peut tout changer.         

  • Adoptez un ton personnel pour exprimer votre voix singulière, même si vous construisez votre poème selon une structure classique.          

  • Renouvelez les images pour éviter les clichés (la rose, le cœur brisé, la pluie qui rend triste...).          

  • Travaillez, réécrivez votre texte, car, comme le bon vin, un poème mûrit avec le temps, au fil de ses différentes versions.   

  • Faites relire vos textes afin d’obtenir un regard extérieur. Et acceptez de remettre ensuite votre texte sur le métier pour le retravailler.       

  • Soignez la présentation. Même si le fond prime, la forme compte aussi. Vérifiez le moindre détail : la ponctuation, l’alignement de vos vers ou de vos phrases, le titre de votre œuvre.

Vous êtes prêt ? Il ne vous reste plus qu’à transmettre votre texte final au jury, après avoir relu attentivement le règlement du concours.

La poésie est un art de la suggestion, du rythme et de l’image. Pour qu’un poème touche un jury, il ne suffit pas seulement qu’il soit sincère : il doit être travaillé, structuré, ciselé. Maîtriser les règles de la poésie, c’est se donner les moyens de mieux transmettre son émotion. Et si l’on connaît les outils, on peut les détourner, les moderniser, les bousculer… Bref, faire entendre une voix poétique unique et originale.

Alors, à vos plumes : explorez, testez, osez !