Écrire, c’est voyager à travers l’espace et le temps. Chaque auteur, débutant ou confirmé, doit maîtriser l’art subtil de l’ancrage narratif, surtout s’il veut remporter un concours. En effet, créer un monde palpable et situé dans une temporalité identifiable rend une histoire bien plus captivante. Le temps et l’espace sont des atouts importants pour se démarquer dans un concours d’écriture, notamment dans les textes courts comme les nouvelles. Voici nos astuces pour donner un ancrage convaincant dans le temps et l’espace.

Établir un cadre spatial crédible et détaillé

Le meilleur moyen d’embarquer votre lecteur dans votre histoire est de l’immerger dedans. Pour cela, vous devez créer un univers spatial (dans le sens « géographique », pas à la Star Wars !) en utilisant les descriptions.

L’art d’utiliser la description à bon escient

Si ce mot vous donne des boutons, sachez qu’une description ne doit pas forcément être ennuyeuse et durer trois pages. Au contraire, les plus courtes sont les meilleures, pour ça aussi. L’idéal est d’étirer vos descriptions en les alternant avec des dialogues ou en les insérant dans vos scènes d’action.

L’avantage est aussi de donner plus de rythme à votre récit, puisque les informations de lieux et de décors sont données au fur et à mesure que le lecteur avance dans le récit. Par exemple, au lieu de débuter par un très long paragraphe décrivant une maison, vous pouvez commencer par une ou deux phrases détaillant la porte d’entrée et l’architecture générale. Puis, plus loin, parler d’une pièce particulière, au moment où s’y déroule une action.

La clé d’un décor réussi : des détails qui font appel aux cinq sens

Le diable est dans les détails, dit le proverbe. Pour immerger le lecteur dans la scène, ne négligez pas de décrire précisément les choses afin qu’il puisse se créer ses propres images mentales. Au lieu de dire simplement que le personnage déguste une soupe, indiquez par exemple qu’il s’agit d’une soupe de champignons qui sent bon la forêt. Tout de suite, le lecteur peut imaginer la couleur de la soupe, son odeur et même sa texture : il est dans la scène avec le personnage !

Évidemment, il ne faut pas trop abuser non plus des détails. L’idée est de donner suffisamment d’indications au lecteur pour « qu’il s’y croit » et le transporter dans votre décor. L’exemple précédent montre aussi que les descriptions ne sont pas seulement visuelles : pensez à activer les cinq sens de votre lecteur à travers vos décors. Le goût, l’ouïe, l’odorat, le toucher sont autant de leviers pour l’immerger dans votre récit.

Maîtriser le temps dans son récit

Maîtriser le temps, c’est le rêve de tout être humain et une faculté que possèdent les auteurs dans leurs récits.

Bien gérer la concordance des temps

La gestion du temps dans un roman ou une nouvelle n’est pas évidente, d’abord parce que ça impose de bien maîtriser la conjugaison et surtout la concordance des temps. Oui, votre pire cauchemar à l’école pourrait bien vous poursuivre pendant l’écriture !

Dans un récit au présent, la concordance est plutôt facile à faire, mais il en va tout autrement lorsqu’on rédige au passé. Pour vous en sortir, ressortez vos Bescherelle et étudiez les règles, mais ne négligez pas la relecture par un correcteur professionnel pour vérifier que tout… concorde ! L’astuce consiste à se demander à quel moment se situe le narrateur par rapports aux événements qu’il raconte.

Donner l’illusion du temps qui passe

Le talent de l’écrivain consiste à raconter en deux phrases ou en dix pages un même événement de dix minutes. Selon le point de vue adopté ou la technique utilisée (comme l’ellipse par exemple), le lecteur aura l’impression soit que le temps passe à toute vitesse, soit qu’il s’étire en longueur.

Il faut distinguer deux temps dans un récit :

  • la chronologie, c’est-à-dire l’ordre dans lequel se déroulent les événements du récit ;

  • la trame narrative, c’est-à-dire l’ordre dans lequel l’auteur présente les événements.

Tout l’intérêt est généralement de casser la ligne chronologique avec la narration, notamment pour créer un effet de suspense. Ménager des ruptures temporelles, comme des flashback (retour en arrière) ou des flash-forward (avance dans le temps) est un excellent moyen de tenir les lecteurs en haleine.

Bien utiliser les repères spatio-temporels

Bien insérer les indications concernant l’espace et le temps permet de conserver une lecture fluide et un déroulement maîtrisé du récit. Il faut que le lecteur sache toujours où il est et quand, sans fournir d’efforts.

Les repères chronologiques

Insérer des éléments temporels concrets permet au lecteur de suivre le déroulement chronologique des événements. Pour indiquer le temps qui passe, vous pouvez utiliser plusieurs techniques :

  • être très pragmatique et indiquer dans le récit la date (voire l’heure) ou qu’on se situe « 3 ans plus tard » ;

  • être plus subtil en faisant appel à des indices comme les feuilles qui tombent pour dire qu’on est en automne, la météo, des événements historiques connus…

L’essentiel, c’est que l’indication temporelle soit naturelle et ne donne pas l’impression de tomber comme un cheveu sur la soupe. L’autre impératif, c’est de ne pas perdre le lecteur, surtout si vous utilisez beaucoup les ruptures temporelles dans la narration.

La cartographie émotionnelle pour dépeindre les lieux

La description est le moyen le plus classique pour donner au lecteur une image d’un lieu ou d’un décor. Là aussi, la description ne doit pas paraître artificielle et, surtout, elle ne doit pas donner envie au lecteur de la passer !

Pour cela, le meilleur moyen est d’utiliser les émotions ou les sensations d’un personnage. Vous donnerez encore plus de force à la description en invitant le lecteur à s’identifier à lui : il va voir et sentir le décor à travers ses yeux.

Il est inutile de tout décrire : attardez-vous sur les détails qui ont un sens sur le moment ou qui en auront un par la suite. On parle souvent du « fusil de Tchekov » : si on décrit au début du roman un fusil posé sur la cheminée, ce fusil devait servir à quelque chose avant la fin du récit.

Vous avez maintenant toutes les clés pour maîtriser l’espace et le temps dans votre roman ou votre nouvelle. À vos plumes ! Participez à notre prochain concours d’écriture.